Le Mont-Saint-Benoît abrite les moines bénédictins vivant et travaillant à Trinidad et Tobago. Leur mode de vie suit la voie tracée par saint Benoît de Nursie, né en Italie en 480. Ayant été élevé à Rome, Benoît fut exposé aux assauts de l’hédonisme alors ambiant, qui distrayait les hommes de ce qui est l’essentiel dans la vie. Benoît rechercha la solitude dans une caverne à Subiaco, à quelques 30 miles à l’est de Rome, dans le but de se consacrer à ce qu’ils percevait comme le but principal de la vie : la recherche de Dieu. En quelques années, de nombreux jeunes gens rejoignirent Benoît, un de ses tout premiers disciples étant sa sœur, Scholastique.
Le monastère du Mont Saint-Benoît a été fondé en 1912 par Dom Mayeul de Caigny, abbé de l’abbaye Saint Sébastien, à Bahia au Brésil. Il avait écrit, en octobre 1911, à l’archevêque de Port d’Espagne, à Trinidad, pour lui demander la permission d’envoyer quelques moines sur l’île, en raison de la menace de persécution religieuse qui existait au Brésil. L’archevêque répondit favorablement à cette demande, l’invitant à venir et à choisir un endroit propice pour ses moines.
L’abbé choisit le site le 17 janvier 1912, et le 6 octobre de la même année trois de ses moines arrivèrent à Trinidad pour y implanter la vie monastique. Le monastère fut dédié à Notre Sainte Mère sous le titre de Notre Dame de l’Exil, les moines voyant dans la fuite en Égypte de Marie, telle que rapportée dans l’évangile de saint Matthieu, un écho de leur propre expérience d’exil pour échapper à la menace de persécutions. Les débuts furent très modestes.
L’abbé Mayeul supervisa, à partir de 1914, le développement du monastère jusqu’à sa démission en 1923 et son retrait à l’abbaye Saint Léo en Floride, USA, où il est aujourd’hui enterré . Le Mont Saint Benoît, appellation plus couramment utilisée par la population, reçut le statut canonique de prieuré conventuel le 6 mars 1915. Dom Hugues van der Sanden, originaire des Pays-Bas, qui succéda à Dom Mayeul, encouragea les vocations locales. C’est durant son abbatiat que le monastère fut affilié, en 1927, à la Congrégation belge de l’Annonciation. C’est aussi sous son mandat que le monastère organisa, en 1943, un séminaire pour préparer les candidats au sacerdoce diocésain. La même année, une année secondaire fut créée par le monastère. Dom Hugues resta supérieur jusqu’en 1947, année où le monastère accéda au rand d’abbaye, Dom Adelbert van Duin étant le premier abbé élu.. Celui-ci gagna le respect des pèlerins de tous horizons. Dom Bernard Vlaar, un autre néerlandais, lui succéda et inscrivit le monastère dans la mouvance du Renouveau charismatique. Dom Hildebrand Green, originaire de Guynée, élu en 1979, est le premier abbé du monastère originaire des Caraïbes. Il a contribué à fonder une maison fille en Guyane en 1988, laquelle fut au service du peuple guyanais pendant plus de 20 ans. En 1995, avec l’élection de Dom Francis Alleyne, Mont Saint- Benoît connut son premier abbé né à Trinitad. Il a té nommé évêque de Georgetown, en Guyane, en 2003. La communauté a élu alors Dom John Pereira comme cinquième abbé, le 15 novembre 2003.
Le principal ministère des moines est la direction spirituelle et le conseil pastoral aux pèlerins qui visitent quotidiennement l’abbaye. L’hôtellerie est ouverte à tous, quelle soit la religion : chrétiens, hindouistes et musulmans. Les personnes agnostiques sont également accueillies à l’abbaye. En 1967, une école des vocations a été établie au monastère pour enseigner aux jeunes gens des techniques telles que le travail du bois, la reliure, la plomberie, la soudure et d’autres métiers techniques. Le monastère est aussi impliqué dans des activité paroissiales, dans le conseil pastoral, l’agriculture, l’apiculture, l’éducation, les syndicats, l’entraînement de jeunes nageurs, le renouveau liturgique, les retraites, la vente de livres et d’objets religieux, et des activités artisanales, telles que la fabrication de gelée de goyave. Plus récemment, le monastère s’est engagé dans la production de yogourt, sous le label « Pax yogurt ». Celui est devenu depuis très populaire dans tout le pays.
En tant que communauté bénédictine, le Mont Saint-Benoît a pris l’engagement de s’enraciner là où il se trouve. Son travail a toujours découlé de sa vocation première qui est de répondre aux besoins qui se manifestent. Son implication dans le dialogue interreligieux et œcuménique en fait un centre spirituel ouvert à tous.